Omar m’a dit [textes]

De :  omssene@yahoo.fr
Objet : joyeux anniversaire
Date : 4 août 2007 22:39:27
À :  shelies@free.fr

 

je te souhaite tout le bonheur du monde. plein de succès dans ta vie professionnelle et que les années qui viendront soient meilleures.
amitié
oms

Omar - Poppenguine Sénégal

De : omssene@yahoo.fr
Objet : omar m a dit
Date :
15 août 2007 23:44:01
À : shelies@free.fr

 

salut serge
Comment vas tu ?
Ici tout va bien. En ce moment là c'est l’hivernage. tous les paysans vont aux champs pour cultiver la terre.
moi aussi j’en profite parce que ça fait au moins huit mois qu’on n’a pas tourné un film.
la semaine dernière c’était les semailles. moi et Pape on a semé des arachides, du mil du (niébé) c’est comme des haricots, du maïs. maintenant on est en train de désherber.
Aujourd'hui je suis très fatigué parce qu’on a beaucoup bossé au champ. il y a deux jours il pleuvait tout au  long de la journée ce qui a fait que les herbes ont vite poussé. donc il faut faire vite parce que du jour au lendemain il peut pleuvoir, et la récolte ne sera pas abondante parce les herbes occuperont plus de place que les semences.
oms

Omar - Poppenguine Sénégal

De : omssene@yahoo.fr
Objet : omar m a dit
Date : 8 septembre 2007 18:57:21
À : shelies@free.fr

 

Salut

la dernière fois je t’avais raconté un peu les travaux champêtres.
en ce moment, les arachides, les niébés, les mil, tout pousse à merveille. il y a cinq jour, j’avais semé du pastèque parce qu’il fallait attendre que les pluies diminuent. ils ont besoin de moins d’eau.
Hier et aujourd’hui il a beaucoup plu et on est content parce qu’on était un peu en retard. donc là, il faudra laisser la terre se reposer au moins une journée parce qu’elle est argileuse et quand c’est trop mouillé c’est lourd pour les chevaux qui tirent la machine.
On travaille avec deux chevaux “mouride” et “baye fall”, et baye fall quand c’est lourd, il refuse.
Et bien à demain ; le Sénegal va jouer au foot maintenant.
salut

Omar - Poppenguine Sénégal

De : omssene@yahoo.fr
Objet : omar m a dit
Date : 9 septembre 2007 14:36:06
À : shelies@free.fr

 

salut
Hier j’étais obligé de couper parce que c’était le SENEGAL qui jouait contre le BURKINA FASSO. finalement on a gagné 5-1. c’était un régal. continuons aux champs.
Je travaille là-bas avec quelqu’un qui se nomme Pape.
Le matin je quitte POPENGUINE, je prends un taxi brousse jusqu à SINDIA. Arrivée Sindia la première chose que je fais c’est de prendre mon petit déjeuner. entre sindia et les champs il y a dix minutes de marche et je suis aux champs. je me change rapidement pour me mettre au travail. Pour le matin je prefère guider le cheval et Pape tient la machine, sinon on sera pas en avance. Pape est un peu lent quant il est devant. Dans une surface de cent mètres, on peut passer presque trois heures à desherber entre les rangées. à midi ou treize heures, ça dépend de la fatigue on fait une pause. on étale la natte dans la case pour attendre le déjeuner qui est à quinze heures, parfois quinze heures trente.
Apres le repas, on fait le thé à la menthe pour être en forme. après on reprend de seize à dix-huit heures. la journée finie, je rentre à Popenguine et demain ce sera une nouvelle journée.
Il faut au moins quatre jours pour finir le désherbage, et aprés attendre les autre pluies pour refaire la même chose jusqu’à ce que les semis finissent de pousser.

oms

Omar - Poppenguine Sénégal

De : omssene@yahoo.fr
Objet : immigration
Date : 10 septembre 2007 20:15:25
À : shelies@free.fr

IMMIGRATION CLANDESTINE

il y a six mois, des milliers de jeunes prenaient des barques pour rejoindre les iles espagnoles.
Au début quand mon neveu me disait “barça ou la mort” comme mon frère, je croyais qu’ils me racontaient des blagues. je ne les prenais pas au sérieux. mais ils étaient  décidés. Quelques jour après mon neveu était parti et c’était la panique dans la famille parce qu’il fallait faire tout pour empêcher mon frère de prendre la tangente à son tour.
Durant les premiers départs il n y avait pas de problème. la mer était navigable et il y avait de bons capitaines de bord. à l’arrivée, ils appelaient leurs familles pour dire que tout allait bien, d’autres leurs amis pour leur annoncer que la voie est libre. c’est ainsi que la rumeur se propage et tous les jeunes sont excités.
Beaucoup de départs se faisaient dans mon quartier. YARAKH est un quartier de pêcheurs, sa plage est bordée de pirogues.
je m’arrête là. à demain

oms

Omar - Poppenguine Sénégal

De : omssene@yahoo.fr
Objet : immigration
Date : 12 septembre 2007 15:42:46
À : shelies@free.fr

Depuis hier, il n y avait plus d’électricité, cause pour laquelle je ne pouvais pas travailler.
revenons sur l’imigration.
Trois mois après, ça a mal tourné. les barques étaient dirigées par des gens qui n’ont pas beaucoup d’expérience, des gens moins équipés. ils ne prenaient pas le temps de bien se préparer. pour eux c’était maintenant ou jamais, c’était un rêve qui vient de se réaliser. les barques se perdaient, ils restaient des semaines sans alimentation. c’était un drame et il y a eu beaucoup de morts. pendant les thé-débats, le sujet était l’imigration comment faire pour partir.
Je me suis souvent demandé pourquoi les jeunes veulent partir. les uns te racontent les  conditions dans lesquelles ils vivent : le matin ils se lèvent vers onze heures et le soir ils se couchent vers trois heures du matin. aucune activité durant toute la journée. d’autres te disent dans ce pays les immigrés sont bien installés. ils construisent de belles villas, ils ont de belles voitures et les femmes ne regardent qu’eux...
Ma question ; est-ce que ça vaut la peine de se suicider ? est-ce qu’il  peut y avoir une vraie politique pour aider la jeunesse à s’en sortir ? j’ai une remarque : dans ce pays on parle beaucoup et on travaille moins. il y a dix ans en arririère, il y avait moins de bruit et c’était merveilleux. l’urgence est de se rapprocher de la population, c’est ce qui nous mènera à découvrir les réalités de qui se passe dans le pays et comprendre que les solutions se trouvent là-bas et pas en Europe.

Omar - Poppenguine Sénégal

De : omssene@yahoo.fr
Objet : les jeunes des villages
Date : 2 septembre 2007 23:09:14
À : shelies@free.fr

Arrivé là, mon neveu a eu la chance d’avoir des parents, des gens qui l’ont accueilli. maintenant, c’est un marchand ambulant comme beaucoup d’autres sénégalais parce qu’ils ne sont pas en règle. c’est le seul moyen pour gagner de l’argent sinon entrer dans les mauvais vices.
Si je dis que les solutions se trouvent la-bas, c’est parce que dans le monde rural on trouve des gens nobles  qui ont de belles idées et que personne ne leur demande leur avis. par exemple prenons le village de Popenguine ; toi t’as été là-bas, c’est paisible, calme, pas de pollution, l’église et la mosquée sont côte à côte, mais la jeunesse est presque inactive et d’autres sont en exode autant que dans tous les autres villages du Sénégal. ils n’ont pas le choix sinon ils auraient préféré profiter de leurs villages. on voit des gens qui ont dû partir et qui ne reviennent  qu'une seule fois dans l’année au village parce qu’à Dakar, la vie est très chère et il faut faire des économies pour pouvoir envoyer de l’argent
Quand je parle de réalité, c’est de villages qui n’ont pas d’eau potable, l’électricité n’en parlons pas. des villages qui ne sont pas désenclavés. la vie devient de plus en plus dure et dans ce pays dans lequel nous vivons, c’est scandaleux de voir des gens rouler dans des voitures qui coûtent des soixantaine de millions, avec lesquels on pourrait construire pas mal de forages, des panneaux solaires... il est temps qu’on voie la réalité en face et si le partage était équitable on aurait moins de problèmes économiques. il faudrait surtout essayer de décentraliser les choses car tout est concentré à Dakar.

oms

De : omssene@yahoo.fr
Objet : émigration
Date : 13 septembre 2007 14:51:44
À : shelies@free.fr

Il y a des gens qui débloquent de deux à trois millions pour acheter un visa. je crois qu’avec cette somme ils pourraient créer des petites entreprises.
Arrivé là, t’as pas la liberté de circuler comme tu le veux, les policiers te poursuivent de gauche à droite, certains employeurs sachant que tu n’es pas en règle t’exploitent avec des salaires de misére. des fois ils te disent de foutre le camp avant qu’ils appellent la police. d’autres qui avaient pris le bateau dorment dans la rue parce qu’ils n'ont personne pour les héberger. on vit  dans un continent très pauvre, mais aussi rempli de valeurs humaines de solidarité.
Un continent malgré tous ses problémes,  il vit ; il faut qu’on reste, qu’on revienne pour le bâtir. l’afrique ne pourra se developper que par les africains.

oms

De : omssene@yahoo.fr
Objet : omar m'a dit
Date : 13 septembre 2007 23:02:15
À : shelies@free.fr

VISA
Ce mot me renvoie au projet collectif qu’on avait, moi, Bruce et Pierre-Marie Ciss. ce projet s’appelait un pont entre la France et le Sénégal. le but etait de créer un lien entre des artistes sénégalais et savoyards. après la visite de Serge, un artiste qui travaille à la Motte-Servolex je me suis mis au travail. j’avais la coordination et le tournage des vidéos. j’étais motivé pour bien préparer l’expo, pour que par la suite ça apporte des ouvertures à d’autres artistes.
Des fois, Alboury, qui vit à Chambéry m’appelait pour me demander si tout allait bien, si ça avançait. et un jour il m’a dit “tu sais, maintenant pour venir en europe c’est très difficile, il faudra que vous vous prépariez pour le visa”. moi j’étais plus pris par la réussite de l’organisation. le visa pour moi c’était quelque chose que tu aillais demander et qu’on te donne parce que le projet était tellement concret et clair. et je pensais que tout le monde avait la liberté de bouger quand il le faut. alors que non. j’ai appris qu’il y avait d’autres gens qui décident à ta place de voir si tu dois voyager ou non.
Quand j’ai retiré mon passeport à l’ambasade et qu’on me l’avait refusé, c’était comme si on m’avait mis au ko. j’étais perturbé. c'était comme si j'étais prisonnier dans mon pays. au début, je voulais les engueuler. finalement je me suis dit que ça ne valait pas la peine.
Heureusement, Bruce avait dû rester au Sénégal pour accueillir les allemands du projet "art travel" pour la biennale de Dakar. j’ai travaillé sur cet autre projet avec lui à M’BOUR et ça m’a aidé à surmonter ce mal.
J’ai plein d’amis qui me demandent “quand est ce que tu vas venir en France ?”. je leurs reponds “quand j’aurai mon VISA”...
Par contre, eux ils peuvent venir chez moi quand il voudront parce qu’il n’y a pas de...
Depuis un certain temps, je reste comme un prisonnier dans mon pays.
Comme d’autres sénégalais immigrés en europe. Ils restent cinq ans ou plus pour être régularisés. ils reviendraient plus souvent voir leurs familles s’il n y avait pas ce problème de VISA. il y aurait peut-être moins d’immigrés, parce l’être humain est très curieux et souvent, c’est la curiosité qui pousse à aller à la découverte d’un autre continent.
J’ai discuté avec plein de gens qui rêvent de rentrer au bercail. et plein d’occidentaux sont émus de la richesse qu’ont les africains qu’ils voudraient partager avec le monde.
oms

De : omssene@yahoo.fr
Objet : popenguine
Date : 14 septembre 2007 12:29:37
À : shelies@free.fr

Popenguine est un petit village habité par des Serreres.
Sa plage fait partie des plus belles du Sénégal. le matin j’aime me réveiler trés tôt pour assister à l’arrivée des pêcheurs.
Modou Dieng est souvent seul dans sa petite barque. Parfois la mer est très agitée et je reste sur la plage pour l’attendre. il peut rester une demi-heure ou plus pour attendre que la mer se calme.
Lorsqu’il arrive au bord, je l’aide à remonter la petite pirogue. chaque matin, c’est mes premières activités.
Quand la pêche est bonne, il me donne ma part. si elle est moyenne ou pas bonne j’achète.

OMS

Omar - Poppenguine Sénégal

De : omssene@yahoo.fr
Objet : immigration clandestine
Date : 14 septembre 2007 23:05:22
À : shelies@free.fr

Les premiers départs étaient organisés par des pêcheurs qui s’étaient égarés dans la mer et qui se sont retrouvés dans les îles Canaries. apres leur retour au Sénégal, ils ont informé les jeunes qui  rêvaient que de partir. Ils versaient des millions pour partir, alors que les pêcheurs demandaient cinq cent mille francs cfa qui étaient pour eux un miracle descendant du ciel.
C’est par la suite que la nouvelle s’est propagée et d’autres gens en ont profité pour faire du business. les lieux de départ se multipliaient, les gens venaient d’un peu partout dans le pays. puis quelques mois ont passé et il y a eu beaucoup de rapatriés. ces jeunes étaient déçus. tous leurs rêves étaient brisés. ils faisaient manifester leur colère. pour les calmer, le ministre de tutelle leur avait prononcé un beau discours en leur promettant des emplois et jusqu’à présent rien. j’ai vu des gens qui étaient rescapés, mais ils ne se sont pas decouragés. ils sont repartis quand même. malgré la politique occidentale, ils tiennent à réaliser leur rêve.
La question est “qu’est ce qui pousse ces jeunes à vouloir partir ? n’est-ce pas les immigrés qui en Europe vivent à cinq dans une pièce, nettoient les wc, mangent mal et qui arrivés au pays leur montrent une autre apparence tout à fait differente de ces réalités, par de belles voitures, de belles villas et de beaux costumes. mais à quel prix ?

oms

Omar - Poppenguine Sénégal

De : omssene@yahoo.fr
Objet : journée magique
Date : 15 septembre 2007 11:41:41
À : shelies@free.fr

Avant j’étais parti avec Modou Dieng pour la pêche.
C’était la deuxieme fois que je m’embarquais dans une piroque à rames. Modou me disait que l’aller c’était pas un problème mais le retour, parce qu il y avait le courant qui nous contrait.
On avait ramé pendant une demi-heure et on était très loin.
Arrivés à l’endroit de pêche, on avait serré la pirogue. mais au moment où on avait commencé à préparer le matériel de pêche, la corde qui bloquait la pirogue a cassé. on était obligé de faire demi-tour.
Durant le trajet je prenais des photos avec mon téléphone mobile. Modou me disait “toi tu es un touriste ou quoi ? on est là pour tavailler“. je lui répondais “c’est tellement beau, je peux pas m’en empêcher”. on est en septembre, Moudou avait ce pressentiment de ne pas aller en mer parce qu’il pouvait y avoir beaucoup de vent.
Pour lui c’était une journée de perte. pour moi c’était une jounée magique. la mer etait si belle et j’apercevais la falaise de Popenguine en haute mer.

oms

De : omssene@yahoo.fr
Objet : les coureurs
Date : 17 septembre 2007 23:00:38
À : shelies@free.fr

Chaque matin j’aime me réveiller de trés bonne heure pour aller courir sur la plage. quand je me sens mal réveillé je préfère nager et courir.
L’aprés-midi, tous les soirs il y a des trentaines de coureurs sur la plage et il y en a de toutes sortes de catégories. moi je cours pour être en pleine forme. il y a les lutteurs traditionnels qui font plus de musculation sur le sable et les footballeurs qui s’entraînent.  il y a un coureur qui porte un maillot rouge et blanc. lui il n’est pas footballeur ni lutteur, mais il court beaucoup. des fois deux fois dans la journée. il est impressionnant.
Quand il pleut, le dimanche, je peux même dire tous les jours, il court.
Au Sénégal, la jeunesse est très sportive. dès le bas âge on commence avec nos parents qui nous offrent dès les premiers pas un ballon de foot  et maintenant avec le succès de nos Lions en europe, avec la lutte tradionnelle qui explose, il y a de plus  en plus de sportifs.

oms

Omar - Poppenguine Sénégal

De : omssene@yahoo.fr
Objet : journée magique
Date : 18 septembre 2007 22:22:20
À : shelies@free.fr

Aujourd’hui, après avoir aidé Diend à remonter la pirogue, on était partis avec Moussa tirer le filet. Les vieux du village comme d’habitude se rassemblent sur la plage pour attendre l’arrivée de quelques jeunes pour débuter la pêche. elle consiste à embarquer le filet dans une barque à rames, on l’amène de cent à deux cent mètres dans la mer. quelqu’un qui est sur la plage tient le bout de la corde et l’autre bout est ramené à la pirogue qui était partie. La distance entre les deux bouts c’est a peu près dix mètres. Les gens s’alignent pour tirer le filet.
Le filet était très lourd parce qu’il contenait beaucoup d’algues. mais il y avait un peu de poissons, des petites carpes. après, on fait le partage pour ceux qui tenaient le filet et vendre le reste. la pêche était moyenne. Si elle est abondante, les femmes crient de joie dansent et fêtent le vieux capitaine de bord qui se donne souvent a fond malgré son âge.

oms

De : omssene@yahoo.fr
Objet : perte de repères
Date : 18 septembre 2007 23:16:01
À : shelies@free.fr

Le Sénégal est un pays trés riche en culture. depuis très longtemps, les griots nous racontent l’histoire de nos ancêtres qui étaient guerriers. des hommes de parole qui avaient la dignité, le courrage, la sincérité, qui avaient beaucoup de qualités.
C’était le temps où le mensonge et la tahision étaient un grave délit. maintenaint on ne sait pas dans quel pays nous sommes : mentir c’est comme boire de l’eau. on trahit le peuple. les gens ignorent leurs histoires et n’ont aucune culture. la jeunesse commence à être pourrie. là leur avenir est incertain. aucune ambition. quand je discute avec mon frère, qui passe son temps à errer il me dit j’ai cherché partout, que faire ? je lui dit mais fais quelque chose. maman a battu tout sa vie pour nous. il est temps de lui rendre la pièce. même si tu rapportes 500 fca c’est mieux que de passer son temps à dormir.
Va à la plage tableau ferraile. les femmes se lèvent de très bonne heure pour assurer la dépense quotidienne.
Je trouve que les femmes sont plus braves que les hommes et il est insupportable que les jeunes continuent à errer. si on regarde la télé, ils nous diffusent des films qui ne nous parlent pas. où sont passés nos cinéastes ? quel combat mènent-ils contre ces séries et les télés  qui sont responsables de tout ça ?

oms

Omar - Poppenguine Sénégal

De : omssene@yahoo.fr
Objet : les sachets plastique
Date : 19 septembre 2007 23:16:33
À : shelies@free.fr

Toutes les belles plages, les beaux coins commencent à disparaître. Les villes, les villages sont encombrés par les sachets plastiques. La rue devient une poubelle. On jette partout des ordures, et dans les villages de pêcheurs, les  plages sont les principaux lieux de dépotoir. Yarakh est mon quartier natal. Mes grand-frères me racontent à leur jeunesse la beauté de cette plage qui était bordée tout au long par des cocotiers. Le sable était blanc, les gens venaient un peu partout de Dakar pour profiter du lieu. Ils me disaient qu’elle était la deuxieme baie la plus belle du monde. Maintenant, elle s’est transformé en dépotoir comme toutes les autres villages pecheurs. A Popengine où je vis, on a la chance d’avoir des voisins comme Youssou qui sont trés motivés pour nettoyer la plage. On est entourés par deux villages de pêcheurs, donc pas de chance les sachets nous arrivent un peu partout de la petite côte comme un peu partout dans le pays on a un probleme de dépotoir. Le pays est très sale car les gens n’ont pas ou mettre leurs ordures.
A tableau ferraille, les ramasseurs d’ordures restent trois jours ou plus sans venir. à Popenguine, il n’y a pas  de ramasseurs, on jette partout. Comme dans  beaucoup d’endroits, quand on a fini de nettoyer la plage, des fois on brûle ou on enterre, ou on les met dans des charettes pour les jeter sous le pont. L’endroit désolant ou presque tout le monde jette ses ordures. Les cas de choléra deviennent de plus en plus nombreux
Il est temps qu'on fasse attention, sinon un jour on se retrouvera dans un pays sans solution et plein de maladies

Oms

Omar - Poppenguine Sénégal

De : omssene@yahoo.fr
Objet : un enfant triste
Date : 6 octobre 2007 23:04:54
À : shelies@free.fr

cette enfant je l’ai rencontrée sur les ruelles de Hann Tableau ferraile.
elle était en train de pleurer.
je l’ai consolée en lui filant une pièce.
oms

Omar - Poppenguine Sénégal

De : omssene@yahoo.fr
Objet : tableau ferraille ou hann
Date : 15 octobre 2007 00:04:03
À : shelies@free.fr

Cinq jours avant la fin du ramadan j’étais à Tableau ferraille rendre visite à ma famille. quand je suis là-bas j’en profite le maxi pour me promener dans les ruelles qui me rapellent mon enfance. j’ai beaucoup de souvenirs dans le décor magnifique de ces ruelles qui sont souvent très animées. le jour je pars au centre ville qui devient de plus en plus invivable avec les embouteillages, les ordures partout, les gens qui marchent “sans destination précise” comme disait Ken Bougoul l’écrivaine.
Pour me faire plaisir ma mère préfère cuisiner et malgré son âge ses plats restent toujours delicieux.
Diarra elle, c’est une coiffeuse. à chaque  évènement, elle est très occupée. les clientes viennent de partout parce qu’elle fait un beau travail. le soir après la coupure du jeûne on fait fait le thé à la menthe dehors devant la maison. des fois  on reste jusqu’à deux heure du matin. mais moi j’ai pas l’habitude de coucher tard et j’aime pas déranger les voisins.
C’est dommage, dans les quartiers populaires les jeunes veillent toute la nuit jusqu’à l’aube et les rues sont animées parce que la majeure partie n’ont pas d’activité. ils passent leur temps à boire, à dormir ou à errer.
c’est pour cela que j’ai peur pour l’avenir de mon pays. parce que l’avenir d’un pays c’est la jeunesse

Omar - Poppenguine Sénégal

De : omssene@yahoo.fr
Objet : une partie de pêche
Date : 20 octobre 2007 18:40:05
À : shelies@free.fr

Aujourd hui après avoir aidé Modou dieng j’ai aperçu les tireurs de fillets qui n’étaient pas nombreux. c’est par la suite que je suis allé les rejoindre. j’étais dans le rang des vieux qui causent plus au lieu de tirer. il y avait des débats très importants. on parlait de l’inflation des denrées de première nécessité. il y a deux jours on a augmenté le prix  du pain et nous savons bien que le sénégalais l’aiment.
Il y a des musiciens qui avaient dit "goorgui doyolounou goorgui dolignou", ‘le vieux on veut plus, on veut un second mandat”. un pêcheur dit “c’est vous qui  qui avez dit que vous voulez plus, il vous a donné plus et tout est plus. il ne faut pas se plaindre.  il fallait analyser le bilan de son premier mandat”.
On a tiré deux fois le filet. la première pêche n’était pas bonne mais la deuxième l’était. après la pêche on était réunis sous la case à palabre. Diouf qui observait la pêche ouvre un autre débat en disant “vous savez je pense que si vous vous reunissez faire une délégation. allez voir le président : chaque week-end il est là à Popenguine. vous lui dites de financer vos projets, c’est à dire des pirogues et des materiels de pêche. il va le faire”. Mais je constate qu ils n’étaient pas d’accord avec Diouf. ils disent que dans leur village les jeunes préfèrent la facilité. pendant qu’eux ils tirent le filet, ils sont là-bas en train d’errer ou ne rien faire. il y a déjà eu des tas de projets mais tous ont foiré.
Moi je pense que le peuple commence à se réveiller et qu’il faut agir et dire non à ce phénomène qui peut détruire l’avenir de ce pays.

oms

De : omssene@yahoo.fr
Objet : l'art au Sénégal
Date : 9 novembre 2007 21:47:14
À : shelies@free.fr

Après l’indépendance, le Sénégal est devenu un pays culturel incontournable en afrique avec son ex-président Senghor qui savait que l’art est aussi important que l’économie. parce que l’art ne meurt pas. à cette époque les artistes vivaient de leurs arts ils s’en sortaient bien. le peuple était très cultivé. ils avaient où et à qui montrer leurs travaux.
Si je prends l’exemple du cinéma où je travaille, aujourd’hui on peut rester une année sans tournage. il y a des milliers de gens qui ne connaissent que ça et qui sont obligés d’aller faire autre chose en attendant.
au moment ou je vous parle il n’y plus de salles de cinema. toutes sont démolies et les sénégalais n’arrivent plus à voir les films africains. par exemple, quand Sembene Ousmane est mort, les images qu’on nous montrait de lui venaient d’un autre pays.  c’est vraiment triste car c’était un monument. lui et d’autres artistes et musiciens  étaient des vrais ambassadeurs qui ont représenté un peu partout le Sénégal. ils méritaient beaucoup de respect et le Sénégal leur doit beaucoup mais on ne pense à eux qu’après leur mort et je trouve que c’est trop tard.
C’est dommage qu’on n’écoute pas les artistes car ils sont souvent en contact avec le peuple. ils peignent, chantent, et racontent les réalités qu’il est en train de vivre. 99% des artistes n’arrivent pas en s’en sortir. ils sont obligés d’aller montrer leurs travaux ailleurs pour avoir de quoi vivre. pourtant ils travaillent comme tout le monde. ils ont des familles mais le travail qu’ils aiment ne les nourrit pas.

oms

De : omssene@yahoo.fr
Objet : rencontre avec Serge
Date : 19 novembre 2007 13:55:58
À : shelies@free.fr

C'est par le biais d'alboury Ndiaye un artiste sénégalais qui vit en Savoie à qui il avait parlé du projet de la Conciergerie sur l'art contemporain africain que nous nous sommes rencontrés. Il avait proposé à Serge d'aller voir mon frère Moussa Sene Absa le cinéaste et Jean-Marie Bruce le plasticien. Il a pris l'avion cap sur le sénégal plus précis Popenguine où nous vivons moi et mon frère  sur la plage de Thioupam. mais Moussa n'était pas là.
Je l'ai invité chez moi et on a discuté du projet. je trouvais intéressant de montrer  une autre face de l'afrique, remplie de talents. je voudrais parler de cette afrique toujours vivante, cette afrique dont les gens peuvent avoir dix mille problèmes et garder le sourire. cette afrique où à l’heure du repas tu es toujours comme chez toi.
Apres quelques jours passés à Popenguine, puis à Mbour pour voir Bruce, on a commencé à bouger ensemble vers Dakar pour rencontrer d'autres artistes, Assane Sarr qui nous a accueillis chez lui et Soly Cisse. on sortait pour aller filmer, prendre des photos, rencontrer des gens. Serge protégeait la caméra comme une perle rare. ça me faisait rire .
A Dakar, c'est un peu dangereux comme dans toutes les grandes villes du monde. il fallait qu'on fasse notre travail en cachette parce que les gens sont  devenus très nerveux. il y a eu pas mal d'engueulades. des fois on essayait de rester calme, des fois il fallait réagir pour ne pas perdre le travail. le retour à Popenguine était un grand soulagement. là-bas on peut respirer de l'air pur. la nuit, la mer te berce avec sa musique naturelle...
Après cette rencontre j'ai continué pour la suite du projet et l'envoi des tableaux de Pems et ça a créé d'autres connaissances comme Eve et Annie dont les voix me sont famillières et pourtant je ne les ai jamais vues. PEMS est venu faire son workshop à la Conciergerie. moi je suis resté à Popenguine... Je devais filmer ce que je découvrais de la France et travailler avec lui. le travail qu'on avait commencé à Dakar est resté sur des cassettes chez Serge. les photos sont encore sur les CD qu’on avait fait graver à Dakar. on en parlait de temps en temps. c'est ça qui a fait naitre l’expo "OMAR M'A DIT"

oms

De : omssene@yahoo.fr
Objet : les tournages
Date : 20 novembre 2007 13:08:38
À : shelies@free.fr

un film, c'est le résultat d'un rêve composé d'une histoire dont l'écriture peut prendre des années. chaque réalisateur a son environnement qui lui parle et il faut aller en repérages pour trouver des décors qui correspondent. par exemple, dans tous ces films de Moussa, il y a les décors de Tableau ferraille, son quartier natal et je crois que c'est important parce qu'on découvre le realisateur à travers ses films.
Dans la plupart, il y a une scène ou une partie de l'histoire  qu'il a vécue. dans Madame brouette, on a construit un studio en plein centre ville qui reconstituait le quartier de Tableau ferraille. ça nous a permis de gagner du temps par rapport à un quartier populaire où il est difficille d'avoir le silence.

oms