rebsamen

JOURNALISME ESTIVAL _Juillet ? Août ? La mise en boucle de cette "nouvelle" a tellement duré que je ne me souviens plus quand elle a démarré. Mais début août, c’est enfin sûr : François Rebsamen, le maire-ministre de Dijon va "démissionner du gouvernement et reprendre son mandat local suite au décès de sa doublure".

Jour après jour, pas une heure d’une quelconque radio qui parle sans que commentaires, questionnements et autres hypothèses sur l’affaire ne nous soient distillés. Jusqu’à l’écœurement. Jusqu’à faire de ce non-évènement le feuilleton de l’été.

[Mais quelle idée d’écouter les infos en plein été !]

L’annonce se transforme en exercice de style pour journaliste stagiaire. Ou comment pimenter l’ordinaire, la mollassonne dissimulation estivale : une pincée de tergiversation, quelques interrogations, un bout d’interview, recueillir la version officielle, puis non-officielle du président-ami, sans oublier la classique petite phrase, assassine ou mesquine, la banderille du premier ministre…
 Puis faire traîner, jouer au journaliste-derviche ; faire tourner l’info, la faire virevolter, parmi les nuages dans le ciel bleu azur des plages, les cerfs-volants gracieux et le bruit des vagues. L’insérer comme neuve entre deux statistiques d’accidents de la route, de morts par noyade ou la remontée des taux d’intérêt.

[On ne peut pas tous les ans avoir 15000 morts par canicule !]

Et la voilà qui revient. Comme si c’était de l’info : "Suite au décès de son remplaçant*, François Rebsamen va très bientôt quitter le ministère du travail pour retrouver son mandat de Maire de Dijon". On ne connait pas la date. Journalistiquement parlant, on a tout intérêt à ne pas la connaître. Mais c’est certain : François Rebsamen quitte son ministère pour retrouver son mandat de Maire de Dijon suite au décès de son remplaçant.
 Comme un refrain.
Qui rappelle dans un mauvais couplet sa promesse de choisir sa ville à un mandat national ? Qui dit tout bas, mais assez fort pour qu’on l’entende, qu’il a mené une action "courageuse mais sans grand résultats", ou "en tant que Ministre du chômage" ? Quel perfide suggère qu’il part juste au moment où la croissance va remonter ? Quelle importance ? sinon que chaque Dijonnais se souvienne du tube de l’été 2015 ; « Rebsamen revient du ministère, Rebsamen se représentera bientôt, Rebsamen a choisi sa ville de Dijon ! »

["Je préfère récupérer mon mandat de maire et m’occuper de ma ville de Dijon."]

Quelle étrange chanson, quelle étrange nouvelle quand pour moi, au même moment, Romain Moretto, artiste-performer Dijonnais m’annonce qu’il va s’essayer à Paris. Que fera t-il là-haut, après son récent passage à La Conciergerie ? Après cette petite résidence à La Motte-Servolex. Une “Visite d’atelier d’artiste”, une « Conférence_Massage » et puis s’en va…

["L’artiste et la mort", ça en avait de la gueule !]

Je m’interroge à mon tour, sur Moretto, Rebsamen, Dijon, Paris, la vie d’artiste, l’art tout court, la vie. Que me disait donc cette info que me cache les mots ?
Dijon. La dernière fois que je suis allé à Dijon, j’ai pris le temps de faire un tour dans les rues piétonnes. Traquer quelques nuages. Manger une glace. Je me souviens que tu avais très mal à la tête. Bref passage à la galerie Interface. Une habitude. En ce moment, “Solutions pratiques, solutions non pratiques”. Quelques minutes au magasin de design tout proche. A l’entrepot 9, à Quétigny, surprise, exposition d’Isabelle Levenez. Elle était à La Conciergerie il y a quelques années. Pas le temps de rester pour le vernissage. Tant pis.
Paris. Fallait-il que ce ministère soit si fade, si inutile, niché dans un gouvernement si gris, si insipide ? Quelle impuissance, quelle tristesse et surtout quelle déception. Il arrive un moment où la mort décide, où elle nous ouvre les yeux. Parfois c’est la vie.
Sinon, serait-ce à l’artiste de le faire ?

[Qui a dit : "Artistes, encore un effort" ?]

Alors ? Fallait-il que Moretto laisse la place pour que Rebsamen revienne ? Ou inversément, fallait-il que François Rebsamen soit de retour pour qu’enfin Moretto soit déchargé de sa tâche Dijonnaise ? Le non-cumul de mandat doit-il jouer entre l’artiste et le politicien ? Moretto sera t-il plus efficace à Paris qu’à Dijon ?

[Quelle idée d’écouter les infos en plein été !]

 

* on le cite rarement, il s'agit d'Alain Millot.