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Ralentir, écouter, penser

"DETOX", Blair French, MCA SidneyJ'ai pas aimé 2014_
Et après Tokyo, 2015 se laissait entrevoir comme une pluie de ces fleurs de cerisiers au printemps, avec du soleil, de la lumière, du mouvement. Avec du blanc, du rose et du chaud, et certainement pas du noir, du tricolore ou du brun.
Mais apparemment, on ne choisit pas tous ses maux ; ils s'invitent, ils font partie du "pack". Un peu comme toutes ces pubs que je reçois en masse depuis "spame-moi" et qui me polluent autant qu'elles me renseignent sur la vie qui m'entoure, sinon sur ma propre vie.
Changer ses cartouches d'imprimante, choisir une mutuelle, voyager, faire des rencontres, un bon placement, commander du vin. Le tout pas cher et en quelques clics. Vite vu, vite fait et tout ce qui m'attire, tout ce que je désire et que je suis sensé aimer, est là à portée de doigt. Sans que j'aie même à y réfléchir, sans que j'aie besoin d'y penser. Vite. Un monde que j'ai semble t-il généré tourne autour de moi sans que j'y prête attention, sans que j'y consacre le temps que je n'ai pas. Comme chacun d'entre nous aujourd'hui. Rien de bien nouveau.
J'entends ce vieux Bashung : C'est comment qu'on freine ?
Freiner. Ralentir, réfléchir... Contrairement à ce qu'en dit Blair French*, "Transmission Detox", l'œuvre numérique de Marian Tubbs semble nous proposer l'inverse. D'après lui, elle "suggère que les images numériques sont de par leur nature évasive, que la transmission des informations n’équivaut pas à la transmission de la connaissance, que les systèmes que nous utilisons pour communiquer sont chargés d’idéologies particulières. C’est un travail qui vous encourage à ralentir, écouter et penser".
En réaction sans doute... car elle participe et témoigne du flux, du vortex, de l'irradience qui nous plonge et nous extrait pour nous replonger encore, à l'intérieur, autour, partout_ de l'art, du monde, des images et de nos vies. Elle participe du dérisoire et de l'incompréhensible, sinon du préhensible. Elle néglige les cartouches d'encre vides, les vins rouges millésimés, les points de retraite ou la magie de Noël, pour nous rendre à nous mêmes, dans ce monde que la pub et le spam eux-mêmes ont déserté. Un monde froid et inutile, faussement mobile où écouter, regarder, prendre le temps qui se faufile et qui file ne nous mène nulle part. Sinon, retour à la case départ, au même, à l'identique ou à l'ersatz. Au simili.
Qui achètera, non pas les copies, mais les "clônes" des tableaux de Van Gogh réalisés cette année par Fujifilm Belgique ? Combien de "visiteurs" on foncé voir "The Wrong [again]", la biennale d’art contemporain virtuelle ?

Anish Kapoor, Vagin de la Reine, Versailles 2015Enfin désœuvré, j'irai faire un tour_
Détours, contours, retours ; c'est enfin le tour de l'Art. Après la Fnac ou Boulanger, après le Viagra ou les Rolex, tiens, j'irai voir si les grafittis sont toujours intacts sur le "Vagin de la Reine" d'Anish Kapoor. Si Sam Francis m'emporte encore aussi loin, dans ses blancs constellés de couleur. Si malgré tout, quelques taches, semblants d'éclaboussures, sont toujours éclats, éclatants, d'immensité, de silence et de paix. Et si la solitude, la lenteur sont restées des valeurs sûres.
J'irai et j'oublierai avec certitude que Rebecca Uliasz n'est pas Tracey Rose, ni Gina Pane, Valie Export ou Sigalit Landau, et évidemment, que tout le monde n'est pas Marina*. J'irai tranquillement, pour une fois, débarrassé des images et des sons, juste plongé dans l'oubli, dans ce qui reste lorsque tout a disparu.

J'irai, en 2016. Après la pub.

 

*Blair French, directeur du Museum of Contempory Art de Sidney
*Marina Abramovic, "The artist is present", MOMA, 2010

 

pub_spam_mutuelle
pub_spam_magie
pub_spam_vin
pub_spam_voyages
Transmission detox, Marian Tubbs; 2015
Transmission detox, Marian Tubbs; 2015
Transmission detox, Marian Tubbs; 2015
Transmission detox, Marian Tubbs; 2015
pub_spam_massage
pub_spam_encre
pub_spam_fever
pub_spam_free
Anish Kapoor, Vagin de la Reine, Versailles 2015
Sam Francis
Berlin red, Sam Francis, 1970
Rebecca Iliasz
Valie Export
Gina Pane
Sigalit Landau, Barbed Hula, 2000
Marina Abramovic, The artist is present, New York. MoMA, 2010

 

 

images MCA Sidney numerique spam virtuel
22 décembre 2015
Lu Vu Entendu

Maman les p’tits drapeaux…*

 

FNDes impressions, des sensations, des évidences_
Feindre d'abord d'ignorer le pouvoir symbolique des images, des couleurs. Noyé, barbotant dans les flots du flux numérique, faire peu à peu disparaître les bases de leur construction, de leur compréhension. Puis laisser reposer. Les ressorts les plus élémentaires, marketing, com, agitprop, propagande, jouent d'eux-mêmes aujourd'hui. Plus besoin de ministère, d'art officiel, d'artistes de connivence... Après le 13 novembre, on colore d'un clic son profil facebook de bleu blanc rouge, fièrement, spontanément, pour dire sa compassion, son horreur, du mal, de la barbarie, pour afficher et affirmer sa solidarité, faire preuve de "résistance". Partout sur internet, sur les couvertures de magazines, les photos arborent les couleurs de saison et pour accompagner l'hommage aux victimes, on appelle même les français à pavoiser les habitations du pays en guerre.

[Dramatisation ou dramaturgie ? Inconscience ou calcul ?]
Feindre aussi d'ignorer que ces couleurs sont déjà prises, que leur message est bien loin des jours de fête du "Rue Montorgueil" de Monet ou de la libération de Paris par Dufy. Et qu'inévitablement, c'est du Front National que l'on "partage" visuellement les valeurs à travers les couleurs qui en sont la charte et l'empreinte. Pour qui quelques jours à peine avant d'aller voter on se transforme en milliers de colleurs d'affiches. 7 janvier - 7 décembre : moins d'un an après "Je suis Charlie", voilà le tour de passe-passe, voilà comment on perd et on passe de "la liberté de se torcher avec le drapeau" au baillon bleu blanc rouge de l'état d'urgence.

 

baldi[Il y a plusieurs oublis, comme il y a plusieurs mémoires.]
Dans le même temps, ici, montage de l'exposition MES[MOIRES] à La Conciergerie. Pas ou peu de couleurs, mais de la rouille. Brune, belle, épaisse, qui se dépose et se répand à sa guise, corrompt autant qu'elle corrode, efface, prend place, séduit parfois, cristallise. Le souvenir et l'oubli, comme les deux faces d'une même pièce. Ce que l'on montre et ce que l'on tait, ce qui reste et qui résiste, ce qui trompe aussi. Les mêmes images pour un désespoir commun. L'art, encore et toujours, nous éloigne du trivial, semble créer son propre espace, nous couper du réel, alors qu'au contraire il le tient là, à notre disposition, sinon à notre portée.
A chacun de s'y introduire, à chacun de créer ou recréer les liens entre les objets et les couleurs ; bleu blanc rouge des pots de Jean-Pierre Raynaud, du drapeau de "La Liberté guidant le peuple" à celui du "Napoléon au pont d'Arcole". Petits drapeaux qu'on agite à la Monet, rouge coulant chez Fromanger ou grignotés par des fourmis comme dans la superbe installation de Yukinori Yanagi. Des objets, des idées, des objets-idées, inertes ou chargés du souvenir, proche ou lointain, de celui qu'on efface d'un coup de blanc à celui qu'on ravive en noir ou en rouge. A chacun son style, son drapé, ses couleurs, ses artistes disparus, étouffés sous les subventions ou par les marchands. A chacun son avenir et son passé, celui qu'on se crée, qu'on espère ou qu'on aimerait oublier, en disant "à quoi ça sert tout ça... ?".
A chacun son petit drapeau... "Elections piège à cons" disait Sartre en 68. "Un poète ça sent des pieds" chante Léo Ferré un an plus tard.
Des électeurs et des poètes, "- Combien de divisions ?" dirait Staline.

 *Maman les p'tits drapeaux...

 

Stéphane Mahé, Rassemblement du 11 janvier 2015, place de la Nation
Eugène Delacroix, "La liberté guidant le peuple", 1830
La bataille du pont d'Arcole, Horace Vernet, 1826
Yukinori Yanagi, "The world flag ant farm" (1990)
Gérard Fromanger, revue Le Rouge, 1968

 

Charlie Conciergerie drapeau FEMEN FN
07 décembre 2015
Actu, Non classé

Un café chez Lucette

Pavillon Français Biennale de Venise 2015De retour de Venise_ où le meilleur moment reste celui où, assis au soleil, on boit un café dans les Giardini. Trier sans traîner les dizaines de photos prises pendant ces deux jours. Laisser les images me ramener jusqu'à ce week-end hors du temps et de mon quotidien. Prendre cette "deuxième chance" de découvrir les œuvres, au calme, dans mon bureau. Lire, entre catalogue et internet, ce qui les entoure, ce qu'elles recouvrent. Calme tout relatif, regard brouillé après ce vendredi 13. Difficile de les regarder sans le filtre du Bataclan. Difficile de ne pas se demander ce que serait "Un monde futur"* ou une "Vie moderne" moins rouge sang. Et difficile aussi de ne pas chercher des réponses dans ce qu'on connait le mieux. Comprendre tout à coup pourquoi Pasolini à la biennale, de l'installation de Fabio Mauri dès l'entrée du pavillon central aux dessins de son corps assassiné de William Kentridge. Bien présent ? Comme les fleurs déposées dans un coin pour Chantal Akerman qui s'est suicidée il y a tout juste un mois, semblaient plus présentes que les images des vidéos projetées. Du blanc sur les écrans, et des ombres qui se glissent, doucement, se promènent, s'arrêtent et repartent, sans se soucier d'un ailleurs si fragile.

Passer des photos au bleu blanc rouge, aujourd'hui c'est ça la "vie moderne"

Appliquer le "filtre" sur la photo du pavillon français où j'étais passé rapidement, ça lui donne de la gueule [franchement cette tour Eiffel "Peace" est vraiment trop moche]. Je ne sais pas pourquoi - fatigue ?, je ne m'étais pas laissé aller à la rêverie ou à la contemplation en regardant les arbres en pot de Céleste Boursier-Mougenot se mouvoir lentement dans l'espace. J'étais sorti très vite. Et à l'extérieur, l'envie m'a pris de photographier le bâtiment vide-plein en cette fin de journée. Un arbre s'est doucement dirigé vers moi pendant que le soleil passait derrière le pavillon du Japon. La rencontre s'est donc faite, là, inattendue, dans cette immobilité tranquille, dans l'un ces temps mort où je traque mes images.
Des arbres qui bougent... Je contemple les traces de pneus au sol. Comment l'artiste a t-il pu négliger ce détail ?  Je repense à l'été dernier où je roulais vers Cahus, invité pour une expérience particulière ; une "mise à l'arbre" par Pierre Capelle*. L'autoradio, une émission* captée par hasard, s'il existe. Jean-Marie Pelt et Didier van Cauwelaert parlent des "arbres qui marchent"* et d'autres phénomènes troublants pour notre monde si moderne.

Tout bouge en ce moment, tout peut donc "bouger"...

13 novembre 2015. Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis dit-on. Après avoir passé l'été à ne pas vendre nos frégates à Poutine, le voilà devenu tout à coup "partenaire constructif de la France". Après trois ans de concours Lépine d'impôts, taxes et économies de bout de ficelle, on switche fièrement du "pacte de stabilité au pacte de sécurité" avec la bénédiction de Bruxelles. Et puis ; on se remet à acheter des journaux, à regarder la télé en boucle, à écouter les radios qui parlent, on aime les flics et on trouve rassurantes, voire sympathiques les fouilles au corps. Des supporters de foot chantent la Marseillaise dans un stade Anglais, on attend avec impatience la prochaine couverture de Charlie hebdo. Au risque d'être déçus...
Qui est Charlie aujourd'hui ? Tout le monde ? Qui se sent français ? Le monde. Ca y est, on y est, on y est enfin arrivé. A ce "il vous faudrait une bonne guerre", comme aimaient le répéter les vieux à l'époque, ceux qui l'avaient faite. Rien à dire, ça claque plus qu'un café chez Lucette...
Mettre du bleu et du rouge sur du blanc. S'appliquer, trouver les bonnes couleurs, ne pas dépasser, ne pas faire de coulures, de bavures. Laisser faire les pros. Accepter. Accepter encore. Qu'un monde futur ressemble autant à l'ancien.

 mardi 17 : à La Conciergerie, on parle de Soumission et d'art. Joseph Aka et sa compagnie, un philosophe, une discussion au cours de laquelle je découvre le syndrome d'Ulysse... Une discussion, puis un verre. Un échange tranquille.
Comme un café chez Lucette.


* All the world's futures - 56e biennale de Venise
* émission "les aventuriers de l'impossible" - 23/08/15 RTL
* "Sociomytho-logies de l'arbre, l'ethnologue et le chaman", Pierre capelle et Michel Boccara, éd. Temps Présent.

 

Pavillon Français Biennale de Venise 2015
Pavillon Français Biennale de Venise 2015 - Celeste Boursier-Mougenot
Fabio Mauri - Il muro occidentale - Biennale de Venise 2015
Fabio Mauri et Pasolini 1971- - Biennale de Venise 2015
Assassinat Pasolini Kentridge
Assassinat Pasolini Kentridge
Chantal Akerman - Biennale de Venise 2015
Chantal Akerman - Biennale de Venise 2015
Duduche - Il lui faudrait une bonne guerre
Hollande chez Lucette Vandoeuvre 29 octobre 2015

 

 

Art Biennale de Venise Conciergerie Lucette
18 novembre 2015
Expo

Vie « moderne »

Aylan Kurdi Ça commence par une image* qui se télescope avec celles de l'été, celles des vacances, celles des expos, snaps et autres légèretés.
Mer. plage, sable, soleil, vent... comme tous les ans je viens me tremper, contempler les nuages et les avions qui décollent près des marais salants à Hyères. Et accessoirement, observer, enregistrer le quotidien et ses menus détails. Avec ce sentiment absurde de trop de touristes sur "ma" plage [comme si je n'en étais pas devenu un depuis le temps !]. Trop. Ce "trop" insupportable parce qu'on s'est peu à peu organisé pour oublier l'autre, pour délimiter son territoire, quelques mètres carrés autour de son écran.
La radio, encore. les mots. Insupportables aussi. Ou pas, c'est selon. Comme les paroles de ces chansons qu'on écoute distraitement, puis qu'on n'entend plus. il en reste toujours un peu, enfouis, tapis, qui attendent.

[difficile de ne pas penser à ces cadavres que la même mer avale.]

"Migrant". Migrant restera sans doute le mot de l'été 2015. Martelé, décortiqué, il s'est invité. Et l'obsession d'une horde d'envahisseurs a pris forme, s'est insinuée, peu à peu. Jusqu'à cette image.  Un gamin étendu mort au bord de l'eau. Je ne sais pas pourquoi, elle me fait penser à la vidéo de Sigalit Landau et son hula hoop en fil de fer barbelé. Sans doute parce que j'y ressens la même atmosphère, quelque chose de grave dans le calme de la plage, le bruit des vagues et des baigneurs. Puis, se superpose le visuel de la prochaine biennale de Lyon, "La Vie moderne", sur laquelle je travaille en ce moment.

 

La vie moderne. Biennale de LyonLa vie moderne. Titre de la 13ème biennale. L'image de Yuan Goang-Ming ; mer, plage, soleil, vacances... Des parasols qui nous ramènent aux années 60. Vie moderne ? Quand Boris Vian nous susurrait à l'oreille "Viens m'embrasser / je te donnerai... un frigidaire / un joli scooter /un atomixer /et du Dunlopillo... Vie moderne ? C'est aussi une chanson de Ferré, qui meurt un 14 juillet, comme pour entendre une dernière fois la marseillaise.

Époque fantasmée. L'art et la "vie", dont on garde des œuvres colorées, joyeuses, "pop". des combats, des débats passionnés, des mots magiques et un tragique lointain, loin de chez nous. loin de nos plages. Avec ses images à rendre notre "bonheur" encore plus palpable ; loin "la petite fille au napalm", loin "la petite fille et le vautour" [qui s'est avéré être un garçon]. Aujourd'hui, Aylan Kurdi, ce gamin, est allongé sur nos plages et on connait son nom. Aujourd'hui on ne réagit pas aux images, mais à leur diffusion, au buzz qu'elles produisent, aux "partages" et autres "like".
La radio encore ;  "... le prix Goncourt va se réunir" / "...ça barde à la villa Médicis" / "...mon sketch Vacances à Marrakech" / "fallait-il diffuser la photo du petit Aylan Kurdi ?". Trop tard. / "le mot je déteste le plus c'est le mot DIEU nous dit Denis Roche". Trop tard aussi. Il vient de mourir à 77 ans.
Lisait-il le journal de Tintin ? Je me pose de drôles de questions ces temps-ci...

[au fait, y a-t-il une "mort moderne" ?]

 

*photographie de Nilufer Demir
 

Barbed Hula - 2000 - Sigalit Landau
Nick Ut - La fille au napalm
Visuel 13eme Biennale de Lyon

 
 

Biennale de Lyon Photo Reportage
03 septembre 2015
Actu, Expo, Lu Vu Entendu

La playlist d’Obama

Twitter Playlist ObamaEcolo mais pas trop _Après ses déclarations sur la lutte contre le réchauffement climatique, une loi qualifiée de "très courageuse" par Paris, future Conférence sur le climat oblige, mais inefficace par les spécialistes du même climat, Barack Obama autorise la Shell à reprendre ses explorations pétrolières dans l'arctique, au large de l'Alaska... En plein mois d'août sur la côte, où en guise de banquise, le seul glaçon qu'on connaisse est celui qui tinte agréablement dans les verres de pastis, on risque de trouver ça pour le moins... "éclectique". Un peu comme sa "playlist des vacances" sur spotify*, qu'il communique via twitter "sous la pression populaire". Ce sont d'ailleurs deux playlists pour le prix d'une : "une pour la journée et l'autre pour le soir". De Bob Marley à Beyoncé en passant par Bob Dylan et les Rolling Stones... Peu de chance à mon avis qu'on y trouve la Complainte du phoque en Alaska !

 

[Cette année, je n'ai pas acheté le catalogue du festival]

 

Affiche Arles 2010En parlant de playlist _Cette année à Arles, l'expo "TOTAL RECORDS" : toutes les pochettes culte du siècle dernier y sont ! Beatles, Rolling Stones, Bowie, Pink Floyd, Bjork, le Blue Note, la banane du Velvet ou le cône de Kraftwerk... Superbe accrochage. Photos originales, mises en situation, détournements, mais je ne suis pas parvenu à entendre la "musique des pochettes". Dommage ; la scéno était colorée, rythmée, léchée, mais après réflexion, froide et impersonnelle. De moins en moins "Arles" où somme-toute on ne rigole pas beaucoup cette année. Et ça bétonne sec du côté des entrepôts, pour en faire peu à peu un lieu comme un autre, immaculé, lisse, "international". On a planqué la ménagerie. On écoule les derniers mugs des années "aubergine" et autres "banane" ou "poivron", et les vieux aficionados cherchent en vain l'affiche colorée de Bouvet...

[Qui a tiré sur le graphiste ?]

Qui a dit c'était mieux avant ? La recette est pourtant la même : un peu d'ethno, un peu de socio, du road-movie US, des kilomètres de photos still-life US encore, de l'engagé anti-paradis fiscaux, anti-désinformation, du portrait africain, etc... J'ai déjà vu ça, j'ai déjà vu ça et pratiquement le même genre dans les mêmes lieux ! Lucien tu peux dormir tranquille, rien n'a changé tout est pareil... Heureusement, au détour d'un faux mur, crevé par ma mortelle randonnée, moment de détente avec les "Affaires privées" de Thierry Bouët qui va faire ses emplettes sur Le Bon Coin [coucou Moretto, te revoilà !]. Ca me permet de tenir jusqu'aux petits mais superbes carnets de Pauline Fargue, sensibles, fouillés, intelligents.
Ils
me donnent envie de m'y remettre... Quand ? demain ? Mais au fait... demain, 19 août ! Date à laquelle François Rebsamen doit donner sa démission. On devrait enfin savoir qui le remplacera au ministère du travail. Ou pas ?

 
[La France retient son souffle]

 

* et si vous n'avez pas de compte spotify, c'est le moment !

Beatles Arles 2015
Beatles Arles 2015
JP Goude Arles 2015
Blue Note Arles 2015
Blue Note Arles 2015
Los Suicidas Arles 2015
Arles 2015
Thierry Bouet Arles 2015
Pauline Fargue Arles 2015
Pauline Fargue Arles 2015
Parapluies Arles 2015

Arles Art Expo L Photo
18 août 2015
Actu, Expo

Moretto mon amour

 rebsamen

JOURNALISME ESTIVAL _Juillet ? Août ? La mise en boucle de cette "nouvelle" a tellement duré que je ne me souviens plus quand elle a démarré. Mais début août, c’est enfin sûr : François Rebsamen, le maire-ministre de Dijon va "démissionner du gouvernement et reprendre son mandat local suite au décès de sa doublure".

Jour après jour, pas une heure d’une quelconque radio qui parle sans que commentaires, questionnements et autres hypothèses sur l’affaire ne nous soient distillés. Jusqu’à l’écœurement. Jusqu’à faire de ce non-évènement le feuilleton de l’été.

[Mais quelle idée d’écouter les infos en plein été !]

L’annonce se transforme en exercice de style pour journaliste stagiaire. Ou comment pimenter l’ordinaire, la mollassonne dissimulation estivale : une pincée de tergiversation, quelques interrogations, un bout d’interview, recueillir la version officielle, puis non-officielle du président-ami, sans oublier la classique petite phrase, assassine ou mesquine, la banderille du premier ministre…
 Puis faire traîner, jouer au journaliste-derviche ; faire tourner l’info, la faire virevolter, parmi les nuages dans le ciel bleu azur des plages, les cerfs-volants gracieux et le bruit des vagues. L’insérer comme neuve entre deux statistiques d’accidents de la route, de morts par noyade ou la remontée des taux d’intérêt.

[On ne peut pas tous les ans avoir 15000 morts par canicule !]

Et la voilà qui revient. Comme si c’était de l’info : "Suite au décès de son remplaçant*, François Rebsamen va très bientôt quitter le ministère du travail pour retrouver son mandat de Maire de Dijon". On ne connait pas la date. Journalistiquement parlant, on a tout intérêt à ne pas la connaître. Mais c’est certain : François Rebsamen quitte son ministère pour retrouver son mandat de Maire de Dijon suite au décès de son remplaçant.
 Comme un refrain.
Qui rappelle dans un mauvais couplet sa promesse de choisir sa ville à un mandat national ? Qui dit tout bas, mais assez fort pour qu’on l’entende, qu’il a mené une action "courageuse mais sans grand résultats", ou "en tant que Ministre du chômage" ? Quel perfide suggère qu’il part juste au moment où la croissance va remonter ? Quelle importance ? sinon que chaque Dijonnais se souvienne du tube de l’été 2015 ; « Rebsamen revient du ministère, Rebsamen se représentera bientôt, Rebsamen a choisi sa ville de Dijon ! »

["Je préfère récupérer mon mandat de maire et m’occuper de ma ville de Dijon."]

Quelle étrange chanson, quelle étrange nouvelle quand pour moi, au même moment, Romain Moretto, artiste-performer Dijonnais m’annonce qu’il va s’essayer à Paris. Que fera t-il là-haut, après son récent passage à La Conciergerie ? Après cette petite résidence à La Motte-Servolex. Une “Visite d’atelier d’artiste”, une « Conférence_Massage » et puis s’en va…

["L’artiste et la mort", ça en avait de la gueule !]

Je m’interroge à mon tour, sur Moretto, Rebsamen, Dijon, Paris, la vie d’artiste, l’art tout court, la vie. Que me disait donc cette info que me cache les mots ?
Dijon. La dernière fois que je suis allé à Dijon, j’ai pris le temps de faire un tour dans les rues piétonnes. Traquer quelques nuages. Manger une glace. Je me souviens que tu avais très mal à la tête. Bref passage à la galerie Interface. Une habitude. En ce moment, “Solutions pratiques, solutions non pratiques”. Quelques minutes au magasin de design tout proche. A l’entrepot 9, à Quétigny, surprise, exposition d’Isabelle Levenez. Elle était à La Conciergerie il y a quelques années. Pas le temps de rester pour le vernissage. Tant pis.
Paris. Fallait-il que ce ministère soit si fade, si inutile, niché dans un gouvernement si gris, si insipide ? Quelle impuissance, quelle tristesse et surtout quelle déception. Il arrive un moment où la mort décide, où elle nous ouvre les yeux. Parfois c’est la vie.
Sinon, serait-ce à l’artiste de le faire ?

[Qui a dit : "Artistes, encore un effort" ?]

Alors ? Fallait-il que Moretto laisse la place pour que Rebsamen revienne ? Ou inversément, fallait-il que François Rebsamen soit de retour pour qu’enfin Moretto soit déchargé de sa tâche Dijonnaise ? Le non-cumul de mandat doit-il jouer entre l’artiste et le politicien ? Moretto sera t-il plus efficace à Paris qu’à Dijon ?

[Quelle idée d’écouter les infos en plein été !]

 

* on le cite rarement, il s'agit d'Alain Millot.

 

Conciergerie Dijon Entrepot9 Interface Moretto
09 août 2015
Actu, Lu Vu Entendu

Berlin sans L

Autocenter
Berlin sans L
_Alone.
Alone in Barcelone. Cette vieille rime me saute à l'oreille. Comme les bruits, les sons qui me viennent dans ce bar. Un peu comme une chanson. Avec des flots, des fonds. Comme la petite musique de ma vie, qui m'accompagne, sans cesse. Avec sa multitude de mots. comme des paroles qui se superposent, au brouhaha de la rue, par bribes ; ... "le monde des cultureux" / "certains qui pensent la structure" / "et qui comprennent les problématiques de chacun" / "qu'ils reconnaissent l'autre"... Avec en arrière-plan, la musique, la "vraie", celle qui diffuse, enveloppe, se répand, insensible aux conversations. J'écoute distraitement. Ca ressemble à du tango, revisité jazzy, "Gotanisé". Barcelone, Londres, Berlin, d'un bar à l'autre, souvent les mêmes bières, les mêmes musiques.
"Non non, je n'ai pas trop aimé les œuvres, mais j'ai trouvé que c'était vraiment bien fait, j'ai trouvé que c'était réussi"... Est-ce qu'il s'agissait de celles de cet après-midi à l'Autocenter ? Certainement pas de Salgado vu cet après-midi au C/O Center... Comment critiquer pingouins, baleines et autres photos-témoins d'une terre-mère en voie de disparition, même si elles gardent le même grain éclaté que celles des mineurs du Brésil, les mêmes gris-noirs argent qui allaient si bien à leur calvaire, marque de fabrique oblige...

 

[Une "cigarette machine" ? Ca existe ici.]

 

Dada FalafelSe déplacer, encore _Bouger. Errer un temps. Débarquer au Liban. Un faux air d'Istambul. Resto. Dada Falafel ; "un peu de tout" dans une grande assiette ovale, mais "without meat". Monter à l'étage, pousser les tables, admirer les lustres multicolores, attendre et souffler. Ecouter encore, se soustraire. "Près du mont blanc ... où la neige disparaît ... mer de glace gris sale, prendre un petit train" / "ne pas rater celui du Love". Quand il passe.
J'écoute encore. sans un mot. Sans que personne ne se soucie. Aujourd'hui quelqu'un qui tripote son portable en soirée se fond dans la masse. Echanges. polis, doucereux. Feutrés. C'est l'heure des questions ; "pourtant ça fonctionne / comment contourner le système ?". Puis des réponses ; "Créer des sortes de boites en carton, super classe... multicolores et chaudes" / "je goûte au bonheur de la solitude" / "ce qui nous manque le plus c'est la contemplation" / "Il n'y a pas d'interdit ?". Bien se regarder dans les yeux en trinquant et éviter ainsi "sept années de misère sexuelle".
Impossible d'éviter le crachouillis de musique techno, qui tente évasivement de revisiter des standards latino.

 

[La misère se niche partout, pas toujours où l'on pense.]

 

Shingo YoshidaJe devais absolument retrouver Shingo _Il est arrivé en vélo. Tout juste rentré du Japon. Crevé. Ca se voit. Tokyo coincé entre Sibérie et Slovénie.  Retrouvailles Lyonnaises et vernissage à la Berlinische Galerie. "Radically Modern". Après une bière on se promène dans les salles immenses. On se perd dans la foule. Peu de temps pour parler de lui, de son exposition en mai à La Conciergerie. On parle. On rit. A nouveau je zappe. L'écho et chaque phrase, chaque mot qui me surprennent, happés, aussitôt mixés m'entraînent, évanescent, dans un de ces déplacements si familiers. Assis, semi-mobile, visiblement ailleurs, solitaire et distant, je déambule avec L dans ces rues froides parce qu'inconnues, pourtant passantes, animées, joyeuses. Mais c'est pour d'autres, autres vies, autres histoires, autres solitudes aussi peut-être. Ne rien montrer. Attendre, bien calé sur son siège, bien dans sa case, pour que tout tourne, et tourne bien, rond, circulaire mais rectiligne, de A jusqu'à Z, lentement et sans détours. C'est le programme. Berlin restera étrange et distante pour moi. Je n'en suis pas revenu je crois. Je ne crois pas.

 

[J'ai toutes les photos]

 

 

Art Autocenter Berlin Berlinische Galerie C/O Berlin L Shingo
30 mai 2015
Lu Vu Entendu

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